dimanche 14 juillet 2013

Le bio, mais qu’est-ce que c’est dans le fond?

Les fruits et légumes bio, la viande bio, le poisson, le pain, les œufs, les produits laitiers, tous bio. Mais qu’est-ce que ça veut vraiment dire ? A part que quelque part ces produits font moins de mal à l’environnement que les produits dits « conventionnels » ? Du langage commun à la labellisation essayons d’y voir plus clair sur cet adjectif ainsi que sur ses limites lorsque l’on envisage un point de vue environnemental plus global.

« Bio » comme on peut le deviner facilement vient de « biologique ». Comme indiqué dans le livre « the Merde Factor » de Stephen Clarke, les francophones ont-ils besoin de préciser que leurs fruits et légumes sont biologiques…. ? Les anglophones ne sont cependant pas mieux lotis en parlant de produit « organic ».

Sans revenir aux prémices de l’utilisation du mot bio en ce qui concerne l’agriculture et l’alimentation (voir cet article ainsi que celui-ci pour plus d’information), le bio, c’est donc d’abord une manière d’associer tout ce qui peut faire du bien à l’environnement. On notera au passage que le concept, d’abord considéré comme « hippie », puis « bobo » est beaucoup plus généralisé aujourd’hui.

Les concepts les plus généralement acceptés vont du bien-être animal au bien-être humain, tout en se souciant de l’impact sur l’environnement et la biodiversité. Par la même, le bio renforce la confiance des consommateurs (à travers l’étiquetage, les contrôle et la certification, la qualité des aliments) ainsi qu’a une influence sur la société et l’économie (notamment en renforçant les liens entre les zones rurales urbaines, professionnalisation de la filière). Enfin,  les aliments bio se veulent plus « naturels » et « simples » que les produits conventionnels, plus savoureux et authentiques.

Le label « bio »


En réalité, le bio est un label. Qui dit label, dit cahier des charges, et donc on ne devrait pas employer ce terme à la va-vite. Aussi, parler de « bio » en général est vite trompeur au vu de la variété des situations dans les différents Etats-membres de l’UE. Chaque Etat a en effet sa propre labellisation, privée ou publique.

En voici quelques exemples pour la Belgique, la France et le Royaume Uni (un inventaire des labels et logos « écologiques » est présenté sur l’Ecolabel Index).


Le bio. Bon pour la nature, bon pour nous.


Depuis 1991, un processus d’harmonisation a été mise en place au niveau européen, pour s’assurer d’un plus petit dénominateur commun lorsque l’on parle d’agriculture bio à travers les Etats-membres. Plus récemment, en 2007, une règlementation européenne a établi une base juridique pour tous les niveaux de production, de contrôle et d’étiquetage des produits biologiques pouvant être proposés ou commercialisés dans l’Union et notamment : les produits vivants, les produits non transformés, les produits transformés, l’alimentation animale ainsi que les grains.

Actuellement, sur chaque produit labellisé bio, il est impératif d’apposer le logo national et le logo européen. En revanche, les labels nationaux peuvent couvrir des aspects complémentaires à ceux du label européen.


D’un commun accord au niveau européen, la production des aliments bio couvre donc le respect des cycles naturels des plantes et des animaux et notamment :
  • La rotation des cultures,
  • Des limites sur l’utilisation d’engrais de synthèse, antibiotiques, additifs, auxiliaires de transformation
  • L'interdiction des organismes génétiquement modifiés (OGM)
  • L’utilisation des ressources de la ferme (par exemple le fumier comme engrais)
  • La production d’espèces végétales et animales adaptées aux conditions locales
  • L’élevage en plein air et en libre parcours et l’alimentation des animaux d’élevage avec des aliments d'origine biologique
  • Des pratiques d’élevage adaptées aux différentes espèces animales.

Les aliments (transformés) bio, eux, suivent les critères suivants :
  • au moins 95% des ingrédients du produit issus de la production biologique
  • des restrictions strictes quant à l’utilisation d’additifs alimentaires et d’auxiliaires de transformation
  • des restrictions strictes sur les ingrédients chimiques de synthèse
  • l'interdiction d’utiliser des OGM

Voici un court document qui résumé les caractéristiques du bio pour les produits alimentaires.


Quid du bio au supermarché ?


On peut trouver les produits et aliments bio notamment dans des épiceries ou magasins spécialisés, à travers des filières tels que les paniers bio ou GASAP ou directement chez les producteurs, dans des magasins « généralistes» proposant une sélection de produits bio y compris les supermarchés.

Cependant, et si l’on veut aller plus loin, tous les bio ne se valent pas. En effet, si l’on achète directement le bio au producteur, on soutient des processus de production traditionnels ainsi que l’économie locale et par la même un renforcement de liens sociaux.

En revanche, si l’on achète du bio en supermarché,  bien que le cahier des charges soit respecté les aspects de tradition, économie locale et rapport social ne sont pas préservés.

A la question s’il vaut mieux soutenir les producteurs locaux non bio ou la production industrielle bio, chacun avisera en fonction de ses priorités.


Et le bio importé ?


Une partie des produits bio actuellement disponibles sont importés.  Certains sont disponibles sur nos terres ou relativement près (tel que le kiwi).

La production de ces produits suit le cahier des charges européens, à partir du moment où ils reçoivent le label bio. En revanche, l’acheminement de ces denrées peut avoir un lourd impact sur les émissions des gaz à effets de serre.

La question se pose alors s’il on préfère manger des produits bio importés ou bien privilégier des produits non bio, mais locaux. A ce propos voir le livre Food Wars de Tim Lang et Michael Heasman, qui indique que le poids du transport est tel dans le bilan environnemental, qu’il est préférable de consommer local, même si non bio.

Cependant, certains de ces produits sont nécessairement importés de loin (par exemple du  Costa Rica, du Brésil ou d’Inde) et ne poussent pas sous nos tropiques (par exemple les bananes, le café, le thé). Etant donné que l’impact du transport des produits sur les émissions de CO2 varie en fonction du mode utilisé (par exemple, un kilo d’ananas importé du Ghana par avion rejette en moyenne 5kg de CO2, tandis qu’en bateau, il ne rejette que 50g de CO2, Etude du CRIOC de 2006), on pourra chercher à privilégier le bio importé par bateau, lorsque cela est possible.


Pour résumer


Beaucoup d’aspects sont pris en compte dans le terme « bio », il est donc important de l’utiliser a bon escient. Les questions éthiques qui y sont liées sont multiples.

Un autre sujet à développer sera celui des autres labels et étiquettes que l’on peut trouver sur les emballages de produits alimentaires, et plus globalement la mesure dans laquelle ils sont compréhensibles, pertinents et véridiques.

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